Share This Article
Les études comparant différentes stratégies militantes animalistes, lorsqu’elles sont bien menées, apportent une contribution cruciale au corpus de connaissances dont notre mouvement a besoin pour améliorer son efficacité [1]. Généralement, ces études testent chaque stratégie séparément, dans un environnement contrôlé, et mesurent les résultats à court terme. Quelles que soient les intentions des chercheur-euse-s, les métriques utilisées sont souvent considérées comme des indicateurs d’efficacité, et les résultats de beaucoup d’études sont interprétés comme plaidant sans réserve pour une stratégie militante plutôt qu’une autre.
Si nous cédons à cette tentation de hiérarchiser les différentes stratégies militantes à partir de leur efficacité à court terme, c’est que, face à l’immense complexité de notre mouvement social en plein essor, nous cherchons à fonder nos analyses sur quelque chose de mesurable et nous aspirons à des réponses simples et claires. Cependant, tout en améliorant notre connaissance sur certains points cruciaux, notre tendance à hiérarchiser à partir d’un ensemble limité d’indicateurs peut aussi nous induire en erreur.
Le problème ne se limite pas à la façon dont sont interprétées les recherches sur le militantisme animaliste. Souvent, les débats informels entre militant-e-s animalistes tournent autour d’interrogations qui ne laissent pas de place à la nuance ou à la prise en compte du contexte. Par exemple, il n’est pas rare que des militant-e-s se demandent si une stratégie est plus efficace qu’une autre, avec comme postulat implicite qu’il existe une seule bonne réponse, un “oui” ou un “non” que l’on pourrait exprimer avec certitude. Les gens se demandent quelle est la chose la plus efficace qu’un-e militant-e puisse faire, sans avoir conscience qu’il peut ne pas y avoir une réponse simple et définitive, excluant les autres options. Ces questions mal posées génèrent une hiérarchisation comme réponse. Nous devons mieux construire nos questions.
Il n’est pas rare que des militant-e-s se demandent si une stratégie est plus efficace qu’une autre, avec comme postulat implicite qu’il existe une seule bonne réponse, un “oui” ou un “non” que l’on pourrait exprimer avec certitude.
Voici une question plus pertinente : étant donné que nos ressources sont limitées, quelle proportion de chaque ressource, telle que le temps ou l’argent, notre mouvement devrait-il actuellement investir dans chaque stratégie ? Deux scénarios distincts et néanmoins fréquents illustrant l’essentiel de cette idée sont développés ci-dessous : 1) lorsque les impacts positifs de différentes stratégies militantes sont interdépendants ; 2) lorsque le contexte joue un rôle clé sur l’efficacité.
L’interdépendance des résultats
Notre mouvement de défense des animaux d’élevage a recours à au moins trois grandes formes interdépendantes de militantisme, chacune d’entre elles pouvant être informée par de la recherche de qualité : celle qui cible les individus, celle qui cible les institutions et celle qui joue un rôle facilitateur.
La sensibilisation des individus passe par la distribution de tracts, les interventions en milieu scolaire, les activités de renforcement du mouvement, la publicité en ligne, les réseaux sociaux, les programmes éducatifs dans les sanctuaires ainsi que la rédaction de blogues, de livres ou la réalisation de documentaires. Les campagnes auprès des institutions visent l’amélioration des réglementations autour du bien-être animal, le remplacement des plats carnés par des options végétaliennes ou encore la protection juridique des animaux via le lobbying ou les législations d’initiative populaire. Le militantisme facilitateur inclut quant à lui le développement et la commercialisation de viande cultivée ou d’alternatives végétales à la viande, les projets entrepreneuriaux visant à lever les obstacles à l’alimentation végane ou l’écriture de livres de recettes sans produits d’origine animale.
Toutes ces formes de militantisme sont interconnectées, le succès grandissant de l’une contribuant à celui des autres. Par exemple, la sensibilisation des individus crée des véganes, des végétarien-ne-s, des flexitarien-ne-s et des curieux-euses. Ceux-ci créent et soutiennent le marché des produits facilitateurs tels que les burgers végétaux, dont l’accessibilité augmente en retour le taux de réussite de la sensibilisation individuelle.
Lorsque les résultats de plusieurs démarches sont interdépendants, l’efficacité de l’une est inextricablement liée à celle des autres. Prétendre que l’une est plus efficace que les autres n’est alors pas évident — et affirmer ce genre de choses est souvent trompeur.
La nécessaire rencontre de l’offre et de la demande
Une forme d’interdépendance a trait à la dynamique de l’offre et de la demande de produits d’origine animale. Un des principes fondamentaux en économie est que les prix s’ajustent pour faire correspondre l’offre et la demande. Mais le monde réel n’est guère fidèle à la théorie économique — les fluctuations de prix sont régies par un ensemble complexe de facteurs qui ne peuvent être réduits à l’offre et à la demande. Lorsque la demande excède l’offre, les dirigeant-e-s des entreprises doivent gérer une clientèle insatisfaite et un manque à gagner. Lorsque l’offre excède la demande, ils et elles doivent gérer le gaspillage de main-d’œuvre, les pertes financières et les stocks en surplus.
C’est ce fameux dilemme de l’œuf et de la poule que rencontrent les entreprises cherchant à étendre leurs parts de marché — combien investir dans l’amélioration de l’offre pour générer de la demande et combien investir dans la génération d’une nouvelle demande pour encourager l’amélioration de l’offre ? Un principe central en gestion est que la croissance saine d’une entreprise ou d’un marché implique un effort continu pour faire concorder l’offre et la demande, tout en les faisant croître respectivement. Cette théorie empruntée au secteur de la gestion est porteuse d’enseignements cruciaux pour les animalistes.
L’interdépendance de l’offre et de la demande, étroitement liée à l’industrie des services, s’applique logiquement au militantisme qui cherche à élargir le marché de l’alimentation végétale. Elle est décisive pour répondre à une autre question mal posée issue du débat permanent sur la meilleure façon de faire progresser les droits des animaux : les campagnes visant des réformes institutionnelles sont-elles plus efficaces que la sensibilisation individuelle ?
Prenons le cas d’une action visant l’offre d’une institution : une campagne ciblant une entreprise de restauration et demandant l’augmentation du pourcentage de repas sans viande. Comparons-la à une action orientée “demande”, ciblant les client-e-s de cette entreprise et les encourageant à manger moins de viande ou, encore mieux, à devenir végétarien-ne-s ou véganes.
À une époque où la plupart des établissements de restauration tiennent un registre électronique de chaque commande, les chiffres concernant la demande en options végétales peuvent difficilement être truqués. La direction d’une entreprise est plus susceptible de réagir favorablement au militantisme animaliste souhaitant faire évoluer l’offre si elle constate une augmentation effective de la demande d’alternatives à la viande. Par ailleurs, les client-e-s sont plus susceptibles de réagir favorablement au militantisme animaliste orienté “demande” si l’entreprise de restauration qu’ils et elles fréquentent propose un choix étendu de repas végétaliens appétissants. Non seulement les chances de réussite de chaque stratégie augmentent avec le succès de l’autre, mais de plus, chacune est essentielle à l’autre pour obtenir des avancées durables vers leur but commun.
L’interdépendance lorsque les impacts ne sont pas immédiats
Ce ne sont pas uniquement les mécanismes de l’offre et de la demande qui génèrent de l’interdépendance entre les différents types de militantisme. Parfois, une forme de militantisme tire son efficacité du succès d’une autre de façon moins immédiate que dans le cas de la relation offre-demande. Par exemple, certaines campagnes de sensibilisation de masse font évoluer lentement mais sûrement les mentalités et contribuent au succès d’autres formes de militantisme, telles que les législations d’initiative populaire pour la protection des animaux de ferme. Ces formes d’interdépendance entre stratégies militantes sont particulièrement méconnues parce qu’elles sont moins directes et que leur influence ne se matérialise que sur le long terme.
Prenons par exemple le travail essentiel accompli par les campagnes institutionnelles visant l’amélioration du traitement des animaux en élevages industriels. Parmi leurs leaders, beaucoup sont profondément mu-e-s par des considérations éthiques auxquelles ils et elles ont été sensibilisé-e-s il y a des années, voire des dizaines d’années, par des livres, des documentaires, des brochures, des conférences ou toute autre forme de sensibilisation de masse ciblant les individus. On peut raisonnablement penser que le succès des campagnes institutionnelles d’aujourd’hui est au moins partiellement dû au militantisme d’hier qui ciblait les individus. Cela implique que, plus nous évaluons positivement l’efficacité des campagnes institutionnelles d’aujourd’hui, plus nous devons évaluer positivement l’efficacité de la sensibilisation individuelle d’hier.
Changer notre façon d’évaluer l’efficacité
Si notre objectif est d’améliorer notre efficacité à court terme — par exemple dans le cas où l’urgence de sauver autant d’animaux que possible et le plus vite possible est considérée comme prioritaire par rapport à d’autres résultats à plus long terme et plus incertains —, nous pouvons choisir de différer la prise en compte de l’interdépendance des résultats. Dans ce cas, si l’on considère que le militantisme visant l’offre institutionnelle est plus efficace, on peut se contenter d’agir sur l’offre. Ou, dans les cas où le militantisme visant la demande des individus est plus efficace, on peut négliger l’offre par rapport à la demande. Mais sur le long terme, à mesure que notre société se détourne des produits d’origine animale, nous devons atteindre un équilibre stable entre l’offre et la demande. Pour des résultats et une efficacité durables, notre mouvement ne peut passer outre la nécessité de travailler sur les deux aspects.
Un point communément soulevé par la vision militante pluraliste présentée ci-dessus est que, considérant la quantité de temps, d’argent et d’effort investie par les militant-e-s animalistes, les stratégies orientées “offre” et les stratégies orientées “demande” ne se valent pas en termes d’efficacité. En fait, quand deux types de stratégie militante sont autant cruciaux à l’objectif poursuivi mais diffèrent en termes d’efficacité, c’est le moins efficace des deux qui devrait se voir attribuer une plus grande part des ressources. Pour faire avancer un bateau qui a, du côté gauche, des rames normales, et, du côté droit, de moins bonnes rames, dont la force de propulsion est moitié moindre, il faut deux fois plus de personnes pour ramer du côté le moins performant que du côté le plus performant.
Quand deux types de stratégie militante sont autant cruciaux à l’objectif poursuivi mais diffèrent en termes d’efficacité, c’est le moins efficace des deux qui devrait se voir attribuer une plus grande part des ressources.
Nous faisons fausse route lorsque nous évaluons le militantisme uniquement au prisme de son efficacité à court terme. Il est problématique que les évaluations des stratégies militantes se concentrent sur ce qui est le plus facile à mesurer — la capacité à obtenir des résultats positifs à court terme. C’est l’un des biais de mesure qui limitent la pertinence de ces évaluations. L’efficacité, y compris lorsqu’elle découle de mécanismes d’interdépendance de long terme, est déterminante pour le mouvement.
Dans une lutte multigénérationnelle telle que celle dans laquelle notre mouvement est engagé, l’efficacité du court terme ne doit pas occulter la portée et la pertinence du long terme. Assurément, nos recherches militantes doivent mesurer l’efficacité. Mais les résultats obtenus sont mieux mis à profit lorsqu’ils sont utilisés pour réfléchir à la façon de mieux affecter nos ressources que lorsqu’ils sont utilisés pour juger de l’efficacité globale et hiérarchiser les stratégies militantes.
L’importance du contexte
Est-il plus efficace de se concentrer sur la dimension éthique de la consommation de viande ou sur les arguments santé ? Est-il plus efficace de demander aux gens de manger moins de viande ou de les inciter à devenir végétarien-ne-s ou véganes ? Ces questions fréquentes semblent attendre une réponse correcte unique, qui ne demanderait qu’à émerger de preuves concluantes tirées d’expérimentations scientifiques. Or, la réponse varie en fonction d’un ensemble plus large de variables que celles qui sont généralement prises en compte dans les expérimentations en environnement isolé et contrôlé.
Une étude expérimentale peut s’avérer incapable de reproduire la grande variété de contextes auxquels sont confronté-e-s les militant-e-s dans la vraie vie, contextes liés aux stratégies militantes déjà en place, à la cible de cette stratégie ou à l’environnement dans lequel les messages sont émis. Indéniablement, ces études sont utiles lorsqu’elles sont interprétées avec la prudence de rigueur. Mais d’un autre côté, les interprétations naïves de celles-ci ont tendance à satisfaire notre propension à hiérarchiser les stratégies militantes et à déclarer de façon trompeuse, sans aucune nuance liée au contexte, que l’une est plus efficace que l’autre.
L’arrogance de l’efficacité
Imaginons que vous soyez un-e militant-e “pro-fruits” souhaitant que les gens mangent plus de fruits — pas un fruit en particulier, juste plus de fruits ! Vous décidez de vous tenir bénévolement au coin d’une rue passante et de vendre des pommes et des oranges, à prix coûtant, à quiconque souhaiterait vous en acheter. Une ferme locale a gentiment accepté de vous fournir à prix coûtant soit un panier d’oranges, soit un panier de pommes, mais pas les deux. Puisque vous êtes un-e militant-e efficace, soucieux-euse de prendre des décisions fondées sur des données fiables, vous menez une expérience scientifique minutieuse et contrôlée pour savoir quel fruit les gens sont le plus susceptibles d’acheter. Votre expérience révèle que 60 % des gens prêts à acheter un fruit achèteraient une pomme mais pas une orange, tandis que les 40 % restants achèteraient une orange mais pas une pomme, ce qui suggère qu’il est une fois et demie plus efficace de vendre des pommes plutôt que des oranges. Quel fruit devriez-vous proposer sur votre stand ?
Évidemment, la réponse découle clairement des résultats de votre expérience ; vous seriez un-e militant-e “pro-fruits” plus efficace si vous tentiez de vendre des pommes plutôt que des oranges. Vous vous fiez donc à vos données et vous choisissez de vendre des pommes à prix coûtant.
Maintenant, supposons qu’un-e deuxième militant-e tout aussi engagé-e se présente au même coin de rue pour s’adresser aux mêmes passant-e-s. Quel fruit cette personne devrait-elle vendre ? Si elle vend aussi des pommes, elle captera alors environ la moitié de vos client-e-s, laissant chacun-e d’entre vous moitié moins efficace que lorsque vous vendiez seul-e des pommes. Si elle propose plutôt des oranges, chaque acheteur-euse aura alors le choix entre une pomme et une orange et votre efficacité à deux serait plus importante que si l’un-e ou l’autre d’entre vous vendait seul-e.
Supposons donc que, dans l’intérêt de la cause, votre camarade militant-e choisisse de vendre des oranges plutôt que des pommes. Vous vendriez certainement plus de fruits que cette personne, faisant de vous un-e fier-ère partisan-e de votre stratégie. Par ailleurs, lors des débats sur l’efficacité, vous auriez les résultats de l’expérience scientifique de votre côté, que vous pourriez agiter sous son nez pour vous déclarer plus efficace. Mais une telle arrogance ne serait pas justifiée — après tout, en vendant des oranges plutôt que des pommes dans un tel contexte, votre camarade a bel et bien fait la chose la plus efficace possible !
Raisonner à la marge
Certes, l’exemple ci-dessus constitue une analogie imparfaite avec les options stratégiques du militantisme animaliste. Bien souvent, il n’y a pas assez de militant-e-s animalistes pour que nos messages saturent la population cible. Toutefois, il met en lumière une vérité cruciale : le contexte est important.
Une étude expérimentale mesurant de façon isolée l’impact de chaque campagne peut certes aboutir à une hiérarchisation de l’efficacité. Mais la contribution marginale [2] de chaque militant-e dépend du contexte lié aux formes de militantisme déjà en place. Les militant-e-s sont le plus efficaces lorsqu’ils et elles raisonnent à la marge pour orienter leur activisme. La stratégie la plus efficace n’est pas nécessairement celle qui obtient le meilleur score dans une étude expérimentale bien menée. C’est souvent celle qui est la plus négligée au sein du mouvement, compte tenu de son score dans ladite expérimentation.
Les gens diffèrent sur de multiples aspects et c’est une autre raison pour laquelle les affirmations sur l’efficacité, lorsqu’elles sont indifférentes au contexte, présentent des limites dans la pratique. Dans l’exemple hypothétique pris ci-dessus, une meilleure interprétation des résultats consisterait à ne pas hiérarchiser les pommes et les oranges mais plutôt à allouer à chaque panier une part de chaque fruit. Après tout, le plus efficace en tant que militant-e pro-fruits serait d’avoir dans son panier des pommes et des oranges selon un ratio approximatif de 60:40. Pour résumer, les résultats des expérimentations scientifiques sont mieux mis à profit lorsqu’on les utilise non pas pour hiérarchiser les stratégies militantes, mais pour déduire, dans un contexte donné, le ratio de temps et d’effort à investir dans chaque stratégie — aussi bien au niveau du mouvement global qu’au niveau de chaque militant-e.
Les conclusions à tirer pour les militant-e-s
Voici quelques-uns des éléments les plus pertinents à retenir pour les chercheur-euse-s, les soutiens, les militant-e-s et les leaders du mouvement :
- Ce qui est mesurable n’est pas totalement révélateur d’une valeur intrinsèque et, assurément, l’efficacité à court terme n’est pas un gage de valeur à long terme pour le mouvement. Nous ne devons pas négliger ou déconsidérer — et certainement pas délégitimer ou dénigrer — certaines formes de militantisme par rapport à d’autres sans acquérir une connaissance profonde et fondée de la valeur de chacune d’entre elles sur le long terme.
- Des interprétations superficielles d’études expérimentales peuvent générer et populariser une hiérarchisation de l’efficacité supposée des stratégies militantes. Or, nous devons faire attention aux contextes dans lesquels ces stratégies sont mises en place et à l’interdépendance de leurs résultats respectifs. Idéalement, au lieu de les hiérarchiser selon leur efficacité, nous devrions chercher comment distribuer au mieux nos ressources limitées entre chacune d’entre elles.
- Notre tendance à hiérarchiser nous empêche de raisonner à la marge et limite la diversité des stratégies employées au sein du mouvement. De plus, elle décourage les militant-e-s dont les contributions sont précieuses mais difficilement mesurables. Il ne fait aucun doute que certaines stratégies militantes sont inutiles, voire contre-productives. Mais un usage diversifié de toutes celles dont l’impact est positif a une valeur particulière. Aucune organisation n’a besoin de s’engager dans toutes les formes de militantisme, mais le mouvement, dans son ensemble, gagnerait à investir judicieusement dans la pluralité des formes de militantisme efficace.
- Nous devons exploiter autant que possible l’interdépendance des résultats. Par exemple, une campagne orientée “offre” demandant à une entreprise de s’engager à servir davantage de repas sans viande est plus susceptible d’aboutir et d’avoir un impact durable si elle s’accompagne d’une campagne orientée “demande”, ciblant les client-e-s de cette entreprise afin qu’ils et elles mangent moins de viande ou deviennent végétarien-ne-s.
- Nous devons être conscient-e-s du fait que le contexte a un effet déterminant sur l’impact de notre militantisme. Par exemple, si une stratégie obtient le meilleur score en termes d’efficacité dans une étude expérimentale, cela ne veut pas dire que tou-te-s les militant-e-s doivent s’empresser d’y avoir recours. Le plus efficace pour un-e militant-e n’est pas nécessairement d’opter pour la stratégie considérée comme la plus efficace par une bonne étude scientifique ; c’est plutôt d’opter pour la stratégie la plus efficace qui n’a pas encore été mise en œuvre.
En conclusion, les militant-e-s réfléchi-e-s et efficaces adoptent une vision à long terme, reconnaissent et valorisent l’interdépendance des résultats, résistent à la tentation de hiérarchiser les stratégies militantes, raisonnent à la marge et se soucient du contexte.
Notes et références
↑1 | Ce texte a été traduit avec l’accord de l’auteur par Maud Duam et Axelle Playoust-Braure. La version originale peut être trouvée en suivant ce lien. |
---|---|
↑2 | La contribution marginale, ou impact marginal, correspond au gain qu’un-e activiste supplémentaire apporte au mouvement par rapport à l’état du mouvement avant l’intervention de cet-te activiste (ndlr). |