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Fish Welfare Initiative, née en 2019 du premier programme d’incubation de Charity Entrepreneurship, fait de l’amélioration du bien-être des poissons d’élevage sa priorité. Comment l’association compte-t-elle s’y prendre pour influencer une industrie mondiale et en plein essor ? Entretien avec Haven King-Nobles, son cofondateur.
- Axelle Playoust-Braure : Pouvez-vous nous raconter l’histoire de Fish Welfare Initiative ?
Haven King-Nobles : Le bien-être des poissons n’est pas une cause à laquelle moi et mon cofondateur [Tom Billington] nous sommes beaucoup intéressés auparavant. Nous étions certes impliqués dans la cause animale et nous ne mangions pas de poissons, mais la question de leur bien-être n’était pas quelque chose qui nous passionnait particulièrement. Ce n’était pas non plus un domaine dans lequel nous étions experts. Le lancement de Fish Welfare Initiative (FWI) est plutôt une histoire basée sur les idées de l’altruisme efficace : après un examen systématique de toutes les différentes façons dont nous pouvions faire le bien, et malgré le fait que nous n’avions pas de passion préalable pour la cause des poissons, ce domaine nous est apparu comme celui où nous pourrions avoir le plus grand impact. FWI est également un projet de Charity Entrepreneurship : nous l’avons lancé à partir de leur programme d’incubation l’été dernier. Nous avons passé notre première année à nous familiariser avec le terrain, à constituer notre équipe, à mener des recherches préliminaires et à construire notre réseau.
- FWI se concentre sur les poissons d’élevage. Pourquoi ?
La variété d’animaux aquatiques exploités par les humains est immense, au moins égale en diversité et plus grande en nombre que tous les animaux terrestres exploités. Il y a les poissons de compagnie, les poissons utilisés dans les expériences, les poissons-appâts, les poissons utilisés pour le repeuplement… Pour FWI, les deux options principales étaient soit de travailler sur les poissons d’élevage, soit de travailler sur les poissons sauvages, étant donné leur nombre respectif et leurs problèmes de bien-être. Concernant les poissons d’élevage, il y en a environ 100 milliards vivants à tout moment ; quant aux poissons sauvages, les humains en tuent au moins 1 000 à 3 000 milliards par an.
La principale raison pour laquelle FWI a choisi de se concentrer sur les poissons d’élevage est que le travail y est plus facilement traçable. Cela est dû en grande partie au fait que nous influençons la vie entière de ces animaux, pas seulement le moment de leur mort, et qu’il existe déjà des connaissances sur la manière d’améliorer le bien-être des poissons d’élevage alors qu’il y en a relativement peu pour les poissons sauvages.
- Qui sont les poissons élevés ?
Les carpes, les tilapias, les saumons et les truites, les poissons-lait, les bars et les dorades font partie des principales espèces de poissons actuellement élevées. Le rapport de la FAO sur la situation mondiale des pêches et de l’aquaculture ainsi que les chiffres d’Open Philanthropy donnent des informations sur les chiffres par espèce. J’ai appris récemment, en lisant les estimations d’Open Philanthropy, que les poissons loche baromètre semblent être les plus nombreux à être élevés, bien que l’espèce n’apparaît guère dans les chiffres de la FAO. Cela s’explique par le fait que la FAO mesure le poids, et non le nombre d’individus, et que les loches baromètre sont de très petits poissons. C’est un exemple des nouvelles choses qu’il y a toujours à apprendre quand on travaille sur le bien-être de ces animaux.
- Les poissons ont-ils des besoins que nous n’imaginons pas spontanément ?
Nous, les humains, avons déjà souvent du mal à comprendre la vie intérieure des autres humains. Il nous est encore plus difficile de comprendre intuitivement les animaux qui ont évolué pour vivre dans un environnement fondamentalement différent de celui que nous connaissons. Pour un poisson, l’un des besoins les plus importants est celui d’une eau de bonne qualité. Il faut comprendre ce besoin comme celui qu’ont les humains de pouvoir évoluer dans un environnement atmosphérique adéquat : ni trop chaud, ni trop froid, de l’air frais et propre. Les poissons ont des besoins similaires pour leur propre environnement. Or nous les mettons dans des milieux artificiels qui sont de piètres répliques de ce pour quoi ils sont constitués. La mauvaise qualité de l’eau, exacerbée par la surpopulation, est probablement le problème de bien-être le plus dommageable que la plupart des poissons d’élevage endurent, et c’est très certainement ce sur quoi FWI va travailler dans un futur proche.
Pour un poisson, l’un des besoins les plus importants est celui d’une eau de bonne qualité. Il faut comprendre ce besoin comme celui qu’ont les humains de pouvoir évoluer dans un environnement atmosphérique adéquat : ni trop chaud, ni trop froid, de l’air frais et propre.
Les besoins des poissons qui m’ont le plus intrigué sont les besoins sociaux. Les espèces de poissons varient considérablement à cet égard (et pour presque tous les autres aspects), mais j’ai été surpris d’apprendre que les espèces sociales reconnaissent les différents poissons individuels de leur banc, et établissent des relations et des histoires avec ces différents individus. L’un des exemples les plus étonnants de l’intelligence sociale chez les poissons est celui du labre nettoyeur. Ces animaux, petits mais astucieux, se nourrissent de parasites et de peaux mortes d’autres poissons, souvent beaucoup plus gros. Ils ont affaire à une variété de « clients », à la fois réguliers et nouveaux, et donnent la priorité à leurs nouveaux clients plutôt qu’aux habitués : ils savent en effet que les nouveaux poissons sont souvent de passage et sont plus susceptibles de partir s’ils sont obligés d’attendre, tandis que les poissons réguliers sont plus susceptibles de rester dans les parages. C’est le genre d’intelligence dont la plupart des gens ne pensent pas que les poissons sont capables. Pour d’autres exemples de la vie surprenante des poissons, j’encourage à lire What a Fish Knows. Des histoires comme celles-ci vous font revoir le mythe bien ancré de la suprématie humaine.
- Quelles sont les conditions de vie et de mort courantes dans l’aquaculture ?
Les conditions de vie varient considérablement dans l’aquaculture : il existe plusieurs systèmes de production, des étangs aux bassins en passant par les cages en pleine mer, et chacun d’entre eux pose ses propres problèmes de bien-être. Les plus courants sont la mauvaise qualité de l’eau, une mauvaise densité de l’élevage, les maladies, les infections, les parasites, la manipulation brutale et la mauvaise gestion de l’alimentation.
En ce qui concerne les conditions de mise à mort, la plupart des poissons dans le monde sont encore tués de manière tout à fait horrible et cruelle. La méthode la plus courante pour tuer les poissons est l’asphyxie, durant laquelle les poissons sont laissés à l’air libre, souvent sur de la glace ou dans un mélange d’eau et de glaçons dans lequel ils meurent lentement. Cela prend plusieurs minutes, voire plus. C’est atroce pour les poissons qui en font l’expérience. Les méthodes moins cruelles comprennent l’étourdissement électrique ou par percussion, suivi d’une hémorragie, mais ces méthodes sont malheureusement souvent imparfaites. Pour en savoir plus, j’encourage à lire le rapport d’Animal Charity Evaluators portant sur le bien-être des poissons d’élevage.
- Comment avez-vous défini la stratégie de FWI ?
Nous avons essayé de définir notre stratégie de manière systématique, en envisageant toutes les options pertinentes puis en choisissant en fonction de ce qui avait le plus grand impact potentiel. Cela signifie que nous avons dû faire des recherches sur toutes les principales espèces, tous les pays et toutes les mesures d’amélioration du bien-être dans lesquels nous pouvions travailler. Notre rapport sur les espèces prioritaires et celui sur le Vietnam sont deux exemples de ce travail de recherche.
Lorsque vous essayez d’être systématique dans l’examen de toutes les options, la tentation est de continuer les recherches éternellement. Je pense que c’est souvent un problème dans l’altruisme efficace, et c’est certainement un problème auquel nous avons été confrontés. Cependant, pour avoir un impact, il faut à un moment donné réussir à prendre la meilleure décision possible, et vivre avec une certaine part d’incertitude. FWI approche maintenant du stade où, bien qu’il y ait encore beaucoup d’options que nous n’avons pas entièrement explorées, nous pensons avoir identifié des pistes prometteuses sur lesquelles il est temps pour nous de nous engager.
Lorsque vous essayez d’être systématique dans l’examen de toutes les options, la tentation est de continuer les recherches éternellement. Je pense que c’est souvent un problème dans l’altruisme efficace, et c’est certainement un problème auquel nous avons été confrontés.
- J’ai trouvé l’article de Charity Entrepreneurship sur le unique timing très éclairant. Pouvez-vous nous rappeler de quoi il s’agit, et nous dire comment FWI en tient compte dans sa stratégie ?
L’article sur le unique timing explique en quoi le contexte temporel est un facteur très important à prendre en compte lorsque vous choisissez le domaine sur lequel vous allez travailler. Plus précisément, il s’agit de faire attention à la façon dont vous pouvez vous attendre à ce que votre travail change à l’avenir, surtout pour des raisons indépendantes de votre volonté. C’est une considération qui s’applique bien au travail de Fish Welfare Initiative : bien qu’il y ait encore beaucoup plus de poissons sauvages tués chaque année que de poissons d’élevage, le nombre de poissons d’élevage augmente rapidement, alors que le nombre de poissons sauvages pêchés stagne depuis environ trente ans. Ces éléments plaident en faveur du travail sur les poissons d’élevage maintenant, car il est probable qu’il y ait plus d’opportunités d’influencer le secteur aujourd’hui qu’il n’y en aura lorsque celui-ci aura atteint sa pleine maturité.
Pour prendre un autre exemple, l’élevage de poulpes est actuellement au stade de recherche et développement ; il semble donc que le moment soit particulièrement bien choisi pour s’y opposer. Je sais que Compassion in World Farming a mené quelques travaux préliminaires pour décourager le développement de ce type d’élevage. Si quelqu’un souhaite s’engager sur ce sujet, je l’encourage à les contacter, ainsi qu’à contacter FWI.
L’élevage de poulpes est actuellement au stade de recherche et développement ; il semble donc que le moment soit particulièrement bien choisi pour s’y opposer.
- Le coronavirus a-t-il affecté votre travail ? Si oui, comment vous êtes-vous adaptés ?
Avant la pandémie, nous avions entamé un travail de repérage en Inde et dans certains autres pays. Malheureusement, il est maintenant impossible pour notre équipe de continuer ce travail, et nous ne savons pas quand cela sera à nouveau possible. Nous annulons donc toutes les futures visites. À la place, nous embauchons temporairement des personnes locales, pour les visites d’élevages et la rédaction de rapports. C’est plus coûteux et plus long, mais cela a l’avantage de donner un rôle aux militants locaux. Donc si vous connaissez quelqu’un en Inde, au Bangladesh, à Taïwan, en Indonésie ou aux Philippines qui pourrait correspondre pour cette mission, vous pouvez lui transmettre notre fiche de poste.
- Quelles sont les premières victoires que vous visez dans un avenir proche ?
Je pense que les gains les plus faciles à obtenir consistent à influencer les institutions existantes (gouvernements, agences de régulation et organismes de certification) pour qu’elles adoptent des réglementations plus favorables aux poissons. Ensuite, je pense que nous obtiendrons d’autres avancées par le biais de campagnes à destination des entreprises, similaires à ce que le mouvement animaliste a fait pour les poules, contre l’élevage en cage. Nous ne pouvons pas être sûrs que les entreprises seront réceptives, mais on peut noter que l’Albert Schweitzer Foundation a déjà eu un certain succès en travaillant avec des détaillants allemands pour améliorer leurs normes de bien-être des poissons d’élevage.
- Quel est le raisonnement qui sous-tend la conviction de FWI selon laquelle il est préférable d’investir des ressources dans l’amélioration des conditions de vie et de mort des poissons d’élevage plutôt que dans l’activisme pour l’abolition de l’élevage aquacole ?
En tant qu’organisation, FWI ne prend volontairement aucune position sur la dimension éthique ou non de l’élevage de poissons. Nous constatons que cela nous permet d’avoir beaucoup plus de poids auprès de l’industrie. En fin de compte, cette question se résume à savoir de quelle manière nous pensons avoir le plus grand impact. Et nous estimons que nous pouvons avoir un impact plus important sur la vie des poissons en travaillant en collaboration avec l’industrie, pour améliorer les conditions d’élevage. Bien que nous ayons choisi cette méthode, nous considérons que de nombreuses approches sont nécessaires pour faire en sorte que les humains en viennent à respecter toute vie sentiente.
- Où en sont les réglementations en faveur des poissons dans le monde ?
C’est l’Union européenne qui a les réglementations les plus favorables aux poissons. Par exemple, le règlement n° 1099/2009 du Conseil de l’Union européenne stipule que « les animaux doivent être épargnés de toute douleur, détresse ou souffrance évitables lors de leur mise à mort et des opérations annexes ». Mais ces réglementations restent généralement insuffisantes, imprécises et non appliquées. Ainsi, l’Union européenne reconnaît que l’asphyxie n’est pas une méthode d’abattage acceptable, mais celle-ci est encore largement utilisée.
- Qu’en est-il des autres animaux aquatiques élevés, par exemple les crevettes ?
Une partie des animaux aquatiques dont nous n’avons pas encore parlé sont effectivement les crustacés. Cela comprend notamment les crabes, les homards et les crevettes. Fishcount estime que 250 à 600 milliards de crustacés d’élevage sont tués chaque année. Crustacean Compassion est la seule organisation que je connaisse qui travaille sur cette question. Elle fait pression sur le gouvernement britannique pour que les crustacés bénéficient de protections juridiques, par exemple, pour les homards, l’interdiction de les bouillir vivants.
Fishcount estime que 250 à 600 milliards de crustacés d’élevage sont tués chaque année. Crustacean Compassion est la seule organisation que je connaisse qui travaille sur cette question.
Il y a très peu de recherches sur le bien-être de ces animaux en élevage. La situation est d’autant plus compliquée que les besoins des crustacés en matière de bien-être, plus encore que ceux des poissons, ne nous sont pas intuitifs. J’ai visité plusieurs élevages de crevettes en Inde et honnêtement, je n’ai aucune idée de ce que cela fait d’être une crevette dans l’un de ces élevages. Par ailleurs, il existe encore relativement peu de recherches sur la sensibilité et la capacité à ressentir la douleur de divers crustacés, bien que certaines données suggèrent qu’ils peuvent bel et bien ressentir la douleur. Nous savons en tout cas qu’au moins certains crustacés sont tués de manière brutale, ce que montre par exemple cette enquête sur l’abattage des homards. Je m’attends à ce que le mouvement animaliste se concentre davantage sur le bien-être des crustacés dans les cinq à dix prochaines années. Il est également possible que Charity Entrepreneurship lance cette année une organisation axée sur ces animaux.
- Quels indicateurs utilisez-vous pour mesurer votre impact ?
Pour l’instant, il est très difficile de mesurer l’impact de notre travail, car nous nous concentrons principalement sur la recherche. Nous pensons qu’à ce stade, les tentatives de quantification de notre impact seraient plus trompeuses qu’instructives. Mais au cours des deux prochaines années, nous allons commencer à travailler sur la sensibilisation des entreprises et/ou des gouvernements. Cela devrait nous permettre de réaliser des évaluations d’impact basées sur le nombre d’animaux touchés par les engagements que nous obtiendrons et dont nous assurerons la mise en œuvre effective.
En termes de chiffres, nous espérons et nous nous attendons à améliorer la vie de plus d’un milliard de poissons. Cet impact sera en partie dû à l’efficacité de notre organisation, mais aussi en grande partie à l’ampleur du problème : les petites exploitations détiennent des dizaines de milliers de poissons, tandis que les plus grandes en détiennent plus d’un million. Par conséquent, avec les poissons, même si vous ne travaillez qu’au niveau de l’élevage, vous pouvez avoir un impact sur la vie d’un très grand nombre d’individus.
En travaillant plus en amont, c’est-à-dire en s’associant aux chaînes d’approvisionnement des entreprises et aux organismes gouvernementaux, nous pouvons avoir un impact sur un grand nombre d’exploitations, chacune d’entre elles détenant au moins des dizaines de milliers de poissons, sans jamais mettre les pieds sur le terrain. Au fil des ans, c’est par cette approche en amont que nous visons l’amélioration de la vie de milliards de poissons.
- Quelles sont les principales sources d’incertitude auxquelles FWI est confrontée ?
La principale incertitude, hormis les questions internes telles que l’embauche des bonnes personnes, est de déterminer lesquels de nos intérêts se recoupent avec ceux des producteurs. Je pense qu’il s’agit là d’une des questions-clés du mouvement animaliste : quelles sont les incitations capables de pousser les entreprises de l’agriculture animale à mettre en œuvre les changements que nous-mêmes voulons voir advenir ? L’éthique à elle seule est rarement une incitation suffisante pour les entreprises ; elle doit être liée à un avantage tangible pour leur activité. Dans notre cas, par exemple, il se trouve que les poissons bénéficiant d’un bien-être plus élevé sont généralement meilleurs pour les affaires des entreprises : ils meurent moins souvent et peuvent permettre une majoration du prix de vente auprès des consommateurs. Sur notre site internet, nous avons ajouté une page listant d’autres raisons pour lesquelles les entreprises pourraient vouloir se soucier d’améliorer le bien-être des poissons.
- Quels sont les éléments qui vous amèneraient à décider de mettre fin à Fish Welfare Initiative ?
C’est une question que nous prenons très au sérieux : nous sommes conscients du fait que notre existence implique que nous recevions des dons qui, en notre absence, seraient allés à d’autres organisations extrêmement efficaces. Nous voulons donc nous assurer que nous utilisons nos ressources d’une manière au moins aussi efficace que ces autres organisations. Dans le cas contraire, l’existence de FWI risque de causer un préjudice net pour la cause animale.
Deux des raisons les plus courantes de l’échec des startups sont les conflits entre fondateurs et le manque de financement. Nous ne pensons pas que l’une ou l’autre de ces raisons soit particulièrement probable dans notre cas, même si le risque n’est pas totalement exclu. L’élément le plus susceptible d’entraîner la fin de FWI serait plutôt un manque persistant d’efficacité. Si nous ne réussissons pas à influencer les gouvernements ou les entreprises, ou si cela s’avère trop coûteux en ressources, nous envisagerons de procéder à un changement ou à une interruption de nos activités.
- Vous envisagez de mettre en place une « Open Fin Alliance » [« fin » signifie nageoire ou aileron en français]. Quelle serait la mission de ce groupement ?
Les poissons forment un groupe d’animaux très négligé, mais la communauté autour de leur bien-être est plus vaste qu’il n’y paraît à première vue. Nous avons envoyé un sondage à plusieurs organisations de protection animale et avons constaté que plus de trente organisations travaillent actuellement sur les questions relatives aux poissons, et que des dizaines d’autres prévoient de le faire dans les années à venir.
Si nous ne réussissons pas à influencer les gouvernements ou les entreprises, ou si cela s’avère trop coûteux en ressources, nous envisagerons de procéder à un changement ou à une interruption de nos activités.
Parmi ces organisations, diverses approches sont déjà utilisées : certaines font de la sensibilisation auprès des entreprises (par exemple, Compassion in World Farming), d’autres font de la sensibilisation auprès du public (Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences), certaines travaillent à influencer les gouvernements ou d’autres institutions publiques (Eurogroup for Animals), d’autres encore font de la recherche (Rethink Priorities). D’autres approches prometteuses sont également expérimentées. Nous pensons que FWI peut contribuer de façon significative à ce mouvement en démontrant que certaines améliorations du bien-être sont viables, en particulier dans les contextes d’Asie du Sud et du Sud-Est.
Une Open Fin Alliance aurait pour but de faire pour les poissons ce que l’Open Wing Alliance a fait pour les poules [« wing » signifie aile en français] : fournir des ressources et permettre la collaboration d’organisations travaillant sur ces questions dans le monde entier. Nous nous attendons à ce que cela émerge dans les prochaines années. FWI pourrait aider à mettre en place ce système, mais nous serions également heureux de voir d’autres organisations le mettre en place : l’important est que le travail soit fait, et non qui le fait.
- Quelles autres initiatives souhaiteriez-vous voir se développer dans la communauté de l’altruisme efficace pour les animaux ?
Comme personne ne sait véritablement quelles approches s’avèreront les plus efficaces pour améliorer les conditions des animaux d’élevage, j’aimerais que l’on tente une plus grande diversité d’initiatives. Actuellement, notre mouvement parie beaucoup sur la sensibilisation et les campagnes à destination des entreprises. C’est globalement une bonne chose, dans la mesure où il est prouvé que cette approche est très performante. Mais il ne faudrait pas oublier de réfléchir de manière créative à de nouvelles approches capables de compléter le travail déjà accompli.
Deux exemples du type de travail dans lequel j’aimerais que le mouvement animal s’investisse davantage sont les initiatives de personnalisation juridique (voir le Nonhuman Rights Project) et les campagnes de désinvestissement dans l’agriculture industrielle (voir Pivot Food). Je pense aussi qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour soutenir le mouvement animaliste au niveau international, de même que pour créer des argumentaires et des campagnes en faveur du bien-être animal qui ne dépendent pas seulement d’un sentiment pro-animaliste, mais qui s’alignent plutôt sur les questions de santé publique ou de durabilité. Je pense par exemple aux organisations qui font un travail de sensibilisation sur les risques de pandémie liés aux élevages industriels.
Merci d’avoir accepté de répondre à mes questions !