Vous avez rencontré un carnivore particulièrement buté ? Relativisez. Car vous n’avez pas rencontré C, le carnivore imaginé par Michael Huemer pour les besoins de son Dialogue (Albin Michel, 2021). Heureusement, C se heurte aux arguments de V, un végétarien à qui on ne la fait pas. Extrait.
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Michael Huemer est professeur de philosophie à l’Université du Colorado. Outre son Dialogue, il est l’auteur de nombreux articles académiques en épistémologie, éthique, métaéthique, métaphysique et philosophie politique, ainsi que de cinq livres : Skepticism and the Veil of Perception, Ethical Intuitionism, The Problem of Political Authority, Approaching Infinity, et Paradox Lost. On peut aussi le retrouver sur son blog, Fake Nous.
L’Amorce ne partage pas nécessairement le point de vue de ses collaboratrices. Si vous souhaitez critiquer ou développer cet article, vous êtes invité-e à le faire sur la page Facebook de la revue, qui est prévue pour cela, ou à proposer un texte pour publication (lamorce@riseup.net).
Notes
- Source : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, http://www.fao.org/faostat/fr/ #data/QL, consulté le 5 septembre 2018 (somme de tous les bœufs/buffles, volailles, moutons/chèvres, ânes, chameaux, gibiers, chevaux, mules, viande (non spécifiée ailleurs), autres camélidés, autres rongeurs, porcs et lapins tués).
- Ryan Geiss, « How Many Animals Do We Eat ? », disponible sur http://www.geisswerks.com/about_animals. html, consulté le 22 novembre 2017.
- Cf. Nil Zacharias, « It’s Time to End Factory Farming », Huffington Post, 19 octobre 2011, https://www.huffingtonpost.com/nil-zacharias/its-time-to-end-factory- f_b_1018840.html.
- Cf. Peter Singer, « Équité pour les animaux ? », in Questions d’éthique pratique, trad. Max Marcuzzi, Paris, Bayard, 1998.
- Loren Lomasky développe une idée similaire dans « Is It Wrong to Eat Animals ? », Social Philosophy & Policy, no30, 2013, p. 177-200.
- Cf. Bryan Caplan, « Further Reply », art. cit.
- Certains philosophes stipulent que la connaissance morale tient à des « intuitions éthiques », une sorte d’accès direct de la conscience à ce qui est bon, mauvais, bien, mal. Cf. Michael Huemer, Ethical Intuitionism, New York, Palgrave Macmillan, 2005. Par exemple, on peut saisir intuitivement que la douleur est mauvaise, ou que causer de la souffrance inutile est moralement répréhensible. C. cherche à utiliser cette théorie pour s’opposer à V., en laissant entendre qu’il a l’intuition éthique qu’il est acceptable de manger de la viande.
- J’emprunte cet exemple à David Barnett.
- Gilbert Harman donne cet exemple d’intuitions directes du mal dans The Nature of Morality. An Introduction to Ethics, New York, Oxford University Press, 1977, p. 4-5, 7-8.
- Les êtres humains avec un très sérieux handicap mental ont des difficultés, non seulement pour parler, mais aussi pour manger ou se déplacer seuls. Cf. « Profound Mental Retardation », Psych Central, 13 avril 2016, disponible sur http://psychcentral.com/encyclopedia/profound- mental-retardation-2.
- Ici, C. adopte la position de Carl Cohen dans « A Critique of the Alleged Moral Basis for Vegetarianism », in Steve Sapontzis (dir.), Food for Thought. The Debate over Eating Meat, Amherst, Prometheus, 2004, p. 152-166 ; et de Richard Posner dans son débat avec Peter Singer, « Animal Rights », art. cit.