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1. Que faites-vous pour les animaux ?
Je fais de mon mieux : c’est-à-dire que je cherche, dans chacun des aspects de ma vie, à ne pas causer de souffrances inutiles à des êtres sentients. De ce fait, j’ai un mode de vie végane.
J’ai longtemps fait du militantisme « de rue » pour la cause animale, mais aujourd’hui c’est à titre professionnel que je me rends le plus utile. J’ai en effet choisi d’exercer la diététique pour accompagner au mieux les personnes végétariennes/végétaliennes et celles qui souhaitent le devenir, car nous manquons encore cruellement de professionnel·le·s de santé formé·e·s aux alimentations végétales (et à leurs enjeux éthiques et environnementaux).
Je m’attache dans le même temps à défendre un militantisme rationnel, persuadé·e que la cause antispéciste gagnerait à abandonner certains arguments irrationnels telles que le concept d’alimentation « naturelle », le véganisme comme outil de développement personnel ou bien encore les considérations d’anatomie comparée.
2. Qu’est-ce qui est le plus difficile dans votre activisme ?
Le plus compliqué à gérer à mon sens, c’est de rester motivé·e et positif·ve sur la durée. Je pense que les avancées dont bénéficie la cause animale sont importantes, mais que cela avance si lentement que ça peut en être désespérant. Il est donc important de se serrer les coudes pour garder le moral et tenir bon (et pour cela, rien de mieux que de bons repas végétaliens entre ami·e·s ou le Discord du Projet Méduses !).
Une autre difficulté dans l’activisme antispéciste c’est, comme dans tout milieu malheureusement, de trouver des espaces safe. Nous sommes tristement encore trop souvent exposé·e·s à des propos ou comportements transphobes, racistes ou sexistes.
3. Qu’est-ce qui vous énerve avec l’antispécisme ?
– Cet espèce de compteur que j’ai dans la tête, que je ne peux pas arrêter, et qui me rappelle sans cesse les innombrables victimes du spécisme ;
– D’être encore et toujours confronté·e, en 2023, à des personnes qui trouvent pertinent l’argument moisi du « cri de la carotte » ;
– La confrontation trop fréquente à des personnes de mauvaise foi (mais si, vous savez, ces personnes qui défendent l’obligation de manger des animaux pour que ces animaux aient le droit d’exister ! Puis les chasseurs qui régulent… Bref, vous avez saisi je pense) ;
– La confusion étrange que certaines personnes font entre véganisme et dérives sectaires (j’ai beau tourner ça dans ma tête, ça n’a aucun sens…) ;
– La tolérance dans nos rangs de personnes ouvertement transphobes, racistes ou autrices de violences sexistes et sexuelles (et la perte des militant·e·s qui les fuient…).
4. Quelle tactique vous paraît la plus prometteuse ?
Profondément abolitionniste, j’ai eu besoin de beaucoup de temps pour comprendre l’intérêt complémentaire des stratégies plutôt welfaristes. Aujourd’hui, je suis d’avis que nous avons besoin de toutes sortes de tactiques différentes, et que chacun·e doit pouvoir militer selon ses compétences et aspirations personnelles : rendre plus accessible la cuisine végétale, sensibiliser aux tests sur les animaux, développer la compréhension du sentientisme, militer pour l’abolition de la corrida, promouvoir des alternatives au cuir et à la laine, dénoncer les pratiques des cirques avec animaux… Toutes ces approches complémentaires ont leur place dans nos luttes.
Il me semble cependant que nous gagnerions à évaluer plus souvent nos actions en comparant les ressources engagées d’une part et l’efficacité de nos actions d’autre part. Histoire de ne pas dépenser nos ressources dans le vide…
5. Quel(s) contenu(s) auriez-vous envie de recommander ?
– Les fabuleuses capsules de Réplique Éthique, pour ne jamais être à cours de réponse face à des argumentaires spécistes.
– Le merveilleux podcast « Comme un poisson dans l’eau », pour être incollable sur l’antispécisme.
– Les indispensables fiches synthétiques de Florence Dellerie.
– L’Observatoire National des Alimentations Végétales (Onav).
– Le très complet Je mange végétal.
– Végéclic, outil en ligne d’aide à la prise en charge des patient·e·s végéta*ien·ne·s par les professionnel·le·s de santé.
– L’épisode « Détox » des Carencés, avec Krapo qui revient sur les liens entre véganisme et pseudo-sciences.
– Et si vous avez encore un peu de temps, n’hésitez pas à visiter ma chaîne sur YouTube ou ailleurs.