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1. Que faites-vous pour les animaux ?
J’ai fondé l’organisation EVA (Ethical Vegetarian Alternative) en Belgique en 2000. Depuis, j’ai cofondé Proveg International (devenu récemment Proveg Belgium), dont je suis le conseiller stratégique. Je donne de nombreuses conférences sur les droits des animaux et le véganisme dans toute l’Europe. J’ai écrit le livre How to Create a Vegan World, qui a été publié en 12 langues, dont le français [Vers un monde végane, préfaces de Brigitte Gothière et Peter Singer, édition L’Âge d’homme]. Chez nous, nous avons un petit sanctuaire qui permet à ma compagne de sauver chaque année environ 500 poulets d’élevages industriels (nous avons également quatre chiens et cinq chats rescapés).
2. Qu’est-ce qui est le plus difficile dans votre activisme ?
J’essaie généralement d’être optimiste, et je peux voir des progrès dans notre relation avec les animaux et leur consommation, mais il est très difficile de constater à quel point ces progrès sont lents. Une fois que l’on connaît l’horreur de ce qui se passe, j’ai du mal à accepter que d’autres continuent d’y participer. Parfois, je pense que même les militants – personne en fait – ne comprennent pas la véritable horreur. J’aime les mots de l’écrivain J.M. Coetzee, lauréat du prix Nobel, qui se demande, par la bouche d’un de ses personnages de fiction : est-il possible qu’ils participent tous à un crime aux proportions sidérantes ? C’est frustrant de savoir que les autres ne voient pas les choses ainsi, et qu’il semble impossible de le leur faire comprendre.
3. Qu’est-ce qui vous semble compliqué avec l’antispécisme ?
Ce que je trouve compliqué, c’est que l'(anti)spécisme est à la fois un concept clair et élégant, et qu’il est en même temps problématique. Il est élégant parce qu’il n’est pas difficile de comprendre le parallèle avec le racisme : un traitement différent ou une prise en compte différente des intérêts, uniquement sur la base de l’espèce, semble arbitraire et donc erroné. Il est relativement facile de montrer comment le fait de traiter un cochon différemment d’un chien est une forme de spécisme. Mais d’un autre côté, lorsqu’on s’intéresse à des animaux moins populaires ou moins attachants, le spécisme, défini de cette manière, semble intuitif. Il est difficile de convaincre les gens (et parfois moi-même y compris) que nous ne devrions pas traiter une souris différemment d’un chien. (On pourrait faire valoir que les intérêts, le niveau cognitif, etc. sont différents, mais il y a certainement des animaux qui ont des intérêts et des capacités cognitives similaires, que même les véganes seraient susceptibles de traiter différemment).
4. Quelle tactique vous paraît la plus prometteuse ?
Dans mon livre, je décris comment les arguments rationnels, intellectuels et moraux semblent peu convaincants pour la plupart des gens. La plupart des gens sont ce que j’appelle des “steakholders” : ils ont intérêt à continuer à croire ce qu’ils croient, parce qu’ils ne veulent pas renoncer à manger de la viande. L’opinion des gens sur les animaux et leurs intérêts est influencée par le fait qu’ils en mangent. Une solution consiste donc à faire en sorte qu’ils soient moins dépendants du goût des aliments d’origine animale, en créant des alternatives intéressantes et abordables, disponibles partout. Lorsqu’ils auront réalisé qu’ils n’ont rien à perdre, il sera beaucoup plus facile de leur parler de spécisme.
5. Quel(s) contenu(s) auriez-vous envie de recommander ?
Je voudrais d’abord recommander le livre de Jonathan Leighton The Tango of Ethics (Le tango de l’éthique). Leighton propose de donner la priorité à la réduction des souffrances extrêmes. Les implications philosophiques de cette position sont très intéressantes.
J’aime aussi beaucoup l’organisme Wild Animal Initiative, parce que je pense qu’il faut sensibiliser davantage à la question du bien-être des animaux sauvages.
Enfin, le site animaladvocacycareers.org permet d’explorer comment faire carrière pour les animaux.