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Cher-e-x[1]-s camarades écologistes,
Vous savez que les humains ne sont pas les seuls habitants de cette planète. Et vous avez certainement de la sympathie pour l’objectif d’éloigner notre société de l’anthropocentrisme et de faire en sorte que l’on commence à réellement prendre en considération les autres êtres sensibles avec lesquels les humains cohabitent sur la Terre.
De nombreux-ses philosophes ont réfléchi à notre rapport aux animaux et constaté qu’il est basé sur le spécisme. Vous devez sans doute savoir que le spécisme est l’idéologie qui tend à traiter les autres habitants de la Terre comme de simples marchandises, uniquement parce qu’ils n’appartiennent pas à notre espèce. Pourtant, les animaux ne sont ni une marchandise, ni une simple ressource, mais des êtres ressentant des émotions et qui sont dotés d’une vie mentale et subjective. Ils ont la capacité de ressentir la souffrance et le plaisir et ont donc un intérêt à jouir de leur vie et d’un environnement sain et conforme à leurs besoins. Les autres animaux sont tout autant, voire plus, victimes des effets de la crise climatique (incendies, inondations, tempêtes, sécheresses, températures létales, etc.).
Le concept de spécisme, construit par analogie avec le sexisme et le racisme, permet de mettre en lumière l’attitude consistant à placer l’humain au centre du monde en oubliant qu’il vit dans un environnement qu’il partage avec beaucoup d’autres êtres sensibles.
Par ailleurs, en ces temps de crise écologique et climatique, il est important de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Or, la contribution de l’élevage au réchauffement climatique est plus élevée que celle de tout le secteur des transports réuni (voitures, bateaux et avions)[2] ! L’élevage émet 65% des émissions d’hémioxyde d’azote, un gaz au potentiel de réchauffement global 296 fois plus élevé que celui du CO2[3]. L’élevage produit aussi d’énormes quantités de méthane, un gaz 23 fois plus puissant que le CO2[4]. L’alimentation végane émet sept fois moins de gaz à effet de serre, utilise sept fois moins d’eau et six fois moins de terres arables et permettrait donc de garantir un avenir viable pour les humains ainsi que tous les autres êtres sentients de cette planète[5]. L’arrêt progressif de l’élevage, sur une période de 15 ans à partir d’aujourd’hui, conduirait à neutraliser le réchauffement climatique sur la période 2030-2060[6]. En d’autres termes, cela permettrait d’annuler totalement, sur cette période, l’effet réchauffant de toutes les autres émissions humaines de gaz à effet de serre[7].
De plus, les animaux ont un intérêt à vivre une vie la plus longue et la plus heureuse possible, comme les humains. Une action juste doit donc prendre en compte l’existence de cet intérêt et le respecter lorsque c’est possible. Or, il est possible de vivre en ayant une alimentation végétale.
Nous ne sortirons pas de la crise écologique actuelle tant que nous considérerons les animaux comme une simple ressource et non comme des cohabitants de cette planète.
De surcroît, une personne aura bien moins tendance à polluer une rivière si elle réalise que ce n’est pas un simple courant d’eau, mais l’habitat de nombreux animaux aquatiques. Nous sommes donc convaincu-e-s que le respect de la vie et des intérêts des autres habitants de la planète est intimement lié à la protection de l’environnement dans lequel nous vivons tou-te-s.
Par ailleurs, une personne comprenant que les animaux sont des êtres sensibles ayant un intérêt à vivre une vie la plus longue et la plus heureuse possible, consommera moins de produits issus de l’élevage, pratique causant énormément de gaz à effet de serre.
Vu ces passerelles fortes entre nos combats, nous pensons que nous devrions nous allier.
Dans le cadre de la Journée Mondiale pour la Fin du Spécisme (JMFS) – ayant lieu chaque dernier samedi du mois d’août – sont organisées dans de nombreux pays des actions pacifiques pour la fin du spécisme qui font vivre la revendication d’abolition du fait de tuer des animaux pour de simples habitudes alimentaires. Une telle abolition profiterait tant aux animaux qu’à l’environnement. Il est donc important d’être nombreuses et nombreux à ces événements pour créer un débat profitable à ce sujet et faire parler de cette question dans les médias.
Nous sommes convaincu-e-s que les associations de protection de l’environnement et de défense des animaux doivent agir ensemble afin d’inciter la société à opérer des changements favorables et nécessaires au bien-être et à la survie de tous les êtres sensibles et appelons donc à la convergence des luttes entre nos deux mouvements.
« Ecologie et Altruisme » et « Animal Rébellion Lausanne »
Ecologie et Altruisme a pour but de faire concrétiser les valeurs de l’écologie dans la société et de promouvoir la protection du bien-être et de la dignité des animaux. Animal Rebellion est la branche antispéciste du mouvement Extinction Rebellion (qui revendique l’usage de la désobéissance civile non violente afin d’inciter les gouvernements à agir dans le cadre de la crise climatique) et demande aux gouvernements de mettre en place un système alimentaire purement végétal. Animal Rebellion Lausanne est l’antenne du mouvement Animal Rebellion à Lausanne (Suisse).
Image: widerness-society.org
Notes et références
↑1 | Pour des raisons d’inclusivité, le “x” est ici utilisé pour désigner les personnes non binaires : les personnes qui échappent à la normativité binaire du genre. |
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↑2 | Livestock’s long shadow, Food and agriculture organization of the United Nations, FAO, 2006. Lien vers le rapport : Livestock’s long shadow. Environmental issues and options (fao.org). |
↑3 | ibidem-1. |
↑4 | ibidem-2. |
↑5 | Rachel Mazac, Jelena Meinilä, Liisa Korkalo, Natasha Järviö, Mika Jalava & Hanna L. Tuomisto, « Incorporation of novel foods in European diets can reduce global warming potential, water use and land use by over 80 % » Nature Food 3, pp. 286–293, 25 avril 2022. Lien vers l’étude : https://www.nature.com/articles/s43016-022-00489-9 |
↑6 | Eisen MB, Brown PO (2022) Rapid global phaseout of animal agriculture has the potential to stabilize greenhouse gas levels for 30 years and offset 68 percent of CO2 emissions this century, PLOS Clim 1(2). Lien vers l’étude : https://journals.plos.org/climate/article?id=10.1371/journal.pclm.0000010 |
↑7 | ibidem-3. |