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1. Que faites-vous pour les animaux ?
Le peu de considération morale que les humains ont pour les animaux m’a paru injuste depuis que j’ai eu l’âge de raisonner, mais c’est en 2010 que j’ai franchi le pas vers le militantisme, en grande partie grâce au chat qui partageait ma vie. Constater sa sensibilité au quotidien a rendu insupportable l’injustice que subissent tous les animaux.
Les rencontres que j’ai faites au cours de mes premières actions militantes m’ont conduite à la lecture de livres tels qu’« Éthique animale » de J-B. Jeangène Vilmer ou « La Raison des plus forts » de D. Chauvet, grâce auxquels j’ai structuré ma pensée animaliste.
Je milite maintenant depuis 13 ans. De la confrontation avec le public lors de distributions de tracts à l’action directe en forêt ou dans les arènes en passant par les interviews et débats télévisés, tout m’a permis de grandir énormément. J’ai fait des rencontres extraordinaires et pu comprendre notre mouvement de l’intérieur, au plus près de ses forces et de ses faiblesses.
En 2019, j’ai été candidate du Parti animaliste. Je suis aujourd’hui porte-parole et co-présidente de ce jeune parti, tout en travaillant à temps plein comme juriste d’entreprise.
2. Qu’est-ce qui est le plus difficile dans votre activisme ?
Le manque de temps et la difficulté à concilier vie professionnelle, vie familiale et privée, et vie militante.
L’impression que les choses ne changent pas suffisamment vite pour les animaux ; que pour la plupart des gens, l’exploitation animale est un mal nécessaire.
La difficulté de trouver les actions et les messages qui seront les plus efficaces pour créer LE déclic et changer les mentalités, tout en sachant qu’il y a urgence et que pendant que nous parlons les victimes s’accumulent.
Accepter que le temps politique soit un temps long.
3. Qu’est-ce qui vous semble compliqué avec l’antispécisme ?
Le mot en lui-même fait peur à beaucoup de gens, et il est très souvent mal compris.
Nombreux sont ceux qui pensent qu’il s’agit de revendiquer une égalité des droits entre humains et non humains, ce qui serait bien évidemment absurde. Il s’agit au contraire de tenir compte des besoins particuliers de chaque individu selon son espèce. Les poules n’ont pas besoin du droit de vote, elles ont en revanche besoin d’étendre leurs ailes, de picorer, de se percher, de faire leur nid, de prendre des bains de sable, de pouvoir s’occuper de leurs poussins, etc.
4. Qu’est-ce qui vous énerve avec l’antispécisme ?
Philosophiquement et politiquement, l’antispécisme est à la base de la cause animale. J’y souscris totalement.
Mais pour répondre précisément à votre question, ce que je pourrais trouver dommage, ce serait de communiquer l’idée d’une pureté absolue qui confinerait au religieux et finirait par être un véritable repoussoir pour les personnes qui découvrent le mouvement.
5. Quelle tactique vous paraît la plus prometteuse ?
J’ai constaté pendant 10 années de bénévolat associatif qu’il était très difficile d’aboutir à des lois en faveur des animaux.
Le Parti animaliste a justement été créé pour qu’ils soient pris en considération en politique. Son score de 2,2 % aux élections européennes de 2019 a amené les autres partis à réaliser qu’ils ne pouvaient plus ignorer ce sujet.
C’est aussi grâce à ce score que des personnalités animalistes de la majorité ont pu faire adopter la loi contre la maltraitance animale en 2021. En cela nous estimons que notre formation politique a une capacité d’influence bien plus importante qu’un ou deux députés dont les initiatives ne pourront pas aller jusqu’au bout.
Le Parti animaliste peut également porter à son bilan les victoires de ses élu(e)s locaux : repas végétariens dans les cantines, résiliation des conventions d’autorisation de chasse, vœux contre les animaux dans les cirques ou l’élevage intensif, subventions aux associations, hôpital pour les animaux sauvages…
Toutefois nous restons vigilants, nous avons été témoins lors des élections de personnalités qui ont fait mine de se préoccuper de la cause animale dans un but électoraliste.
Alors que le fossé se creuse entre les citoyens et leurs représentants, il est urgent de restaurer la confiance. Le Parti animaliste s’y emploie depuis sa création.